Victoire du Non au référendum sur le TCELe 29 Mai 2005, les gens ont déjoué une escroquerie intellectuelle majeure. On nous avait dit sur tous les tons : "Vous devez ratifier ce traité, car il se compose de Nice, Rome et des Droits Fondamentaux ; or, si vous ne le validez pas, on en reste à Nice et Rome. Donc, vous devez voter Oui pour les Droits Fondamentaux". Visiblement, les électeurs savent détecter les arrières pensées, et ça me réconforte étrangement quelque part. Pourquoi les dirigeants n'ont ils pas proposé seulement la Charte des Droits Fondamentaux aux électeurs ? Dans ce cas, ils auraient vraisemblablement obtenu un Oui à 90 % si ce n'est plus. Aujourd'hui, tous les responsables politiques du Oui feignent de s'interroger sur la signification de ce Non, franc et massif : un rejet du gouvernement Raffarin ? une inquiétude générale sur l'avenir ? des grogneries injustifiées ? En tous cas, ils refusent de penser que ça a quelque chose à voir avec l'Europe, ils continuent à nous traiter par le mépris, comme si on était des gamins... Pourtant les gens se sont exprimés très clairement, et en dépit d'une propagande intense qui allait presque exclusivement dans l'autre sens. Comment peut-on encore se poser la question de ce que ça veut dire ? C'est pourtant clair : c'est Nice et Rome qui viennent d'être largement désavoués. Ces traités s'appliquent toujours à nous, mais contre notre gré, ils sont anti-démocratiques, ils ont été faits dans notre dos, sans nous, et même mis devant le fait accompli, on est encore contre ! C'est pourtant pas bien compliqué à interpréter, non ? Les gens ne sont pas plus anti-européens qu'hier, il suffit de leur proposer un projet acceptable pour qu'ils l'acceptent. Personnellement, j'ai voté non, mais je suis aussi internationaliste et fédéraliste que jamais... Donc, un mouvement populaire massif vient de se créer à gauche, autour de ça. Vous pouvez être sûrs qu'on va en faire quelque chose. J'espère que ce Non va faire du bruit, qu'il va débloquer des choses à gauche, et j'espère qu'on ne se trouvera pas à la prochaine élection présidentielle Française avec un triste choix Sarkozy/Fabius, ou même pire cauchemar encore : Sarkozy/LePen. Pour ça, à gauche, il y a du boulot ! Surtout que visiblement, Hollande n'a rien compris (ou ne veut rien comprendre) et que Fabius se prépare à intervenir en "sauveur autoproclamé de la gauche". Bref, à gauche, il devient urgent de se passer du parti socialiste (ou au moins de ses cadres), et de discuter de vrais sujets qui intéressent vraiment les électeurs de gauche. Pour ne citer que les premiers qui me passent par la tête : le SMIC européen, le droit du travail européen, le contrôle des mouvements de capitaux et la taxation de la spéculation financière, le contrôle politique de l'économie, le retour au principe du pollueur-payeur en cas de catastrophes industrielles ou maritimes, les OGM qui n'avantagent que les grands groupes agroalimentaires mais ni les agriculteurs ni les consommateurs, le droit à l'avortement, la garantie de la laïcité de l'état, etc, etc... On a suffisamment de vrais sujets à débattre pour ne pas laisser le débat médiatique se cantonner au voile islamique ou au sexe des anges, à mon avis. Voila. Et hop : au boulot, maintenant ! |